Débuter en cyanotypie

Last updated on 10 novembre 2023

L’un des attraits principaux du cyanotype est la simplicité de sa mise en œuvre et du matériel requis. Le deuxième est la diversité des tirages que l’on peut produire. Je vous propose dans ce premier article de voir ensemble les bases du procédé et le matériel nécessaire, avant de voir dans l’article suivant comment réaliser pas à pas un premier photogramme.

Nous verrons également par la suite comment imprimer un négatif afin de faire un tirage photo à partir de n’importe quelle image.

Une brève introduction

Commençons par le commencement : qu’est-ce que le cyanotype ? Il s’agit d’un procédé de tirage photographique monochrome permettant d’obtenir des images bleues, et mis au point par Sir John Herschel en 1842. Le premier ouvrage illustré par des photogrammes réalisés avec ce procédé est l’œuvre de la botaniste, écrivaine et photographe Anna Atkins : « British Algae« .

Le procédé cyanotype utilise deux produits chimiques : le citrate d’ammonium ferrique et le ferricyanure de potassium. Achetés en kit, ils se présentent sous la forme de deux flacons dont les contenus doivent être mélangés à parts égales afin d’obtenir une solution photosensible. Cette solution est ensuite appliquée sur un support, généralement une feuille de papier, qui est mise à sécher à l’abri de la lumière avant utilisation. On place ensuite sur le papier un négatif avant d’exposer le tout à une source de lumière (ultraviolets). Après exposition le tirage est simplement rincé à l’eau pour faire apparaitre le bleu caractéristique du cyanotype.

Le tirage cyanotype est un tirage contact : le négatif était au temps de Herschel réalisé sur plaque de verre dans une chambre photographique grand format. Si il est toujours possible de réaliser un tirage à partir d’un négatif « moderne » (ou d’un vieux négatif sur verre trouvé dans un grenier ou une brocante), le rendu du tirage est souvent décevant : manque de détails dans les ombres et contraste limité. Nous verrons ensemble plus tard comment imprimer vos propres négatifs et en adapter le contraste afin d’obtenir un résultat satisfaisant. Mais pas d’inquiétude, nous avancerons pas à pas !

On parle de produits chimiques : quelles précautions prendre ?

Le citrate d’ammonium ferrique est un additif alimentaire (E381) et n’est donc pas considéré comme toxique. Quant au ferricyanure de potassium, il a une toxicité faible, sa dangerosité tenant au fait d’être un irritant léger pour la peau et les yeux. En cas de doute, portez des gants et des lunettes de protection, et dans tous les cas n’utilisez pas ce procédé pour vous faire des tatouages provisoires sur la peau…

Attention cependant : dans des conditions très fortement acides, le ferricyanure de potassium peut dégager du cyanure d’hydrogène. Et pour le coup on parle d’un gaz mortel… Je ne sais pas de quel niveau d’acidité on parle, mais dans le doute évitez de jouer à l’apprenti sorcier. Nous verrons ensemble avec quels types de produits il est possible de travailler sans danger pour modifier le rendu des tirages et laisser parler votre créativité.

Concrètement : que faut-il pour commencer ?

• Un kit cyanotype composé de deux flacons « Solution A » et « Solution B ». Vous pouvez en trouver facilement en ligne, je vous conseille pour ma part la boutique en ligne Disactis Photochimie. Avec un kit de 2x 250 ml, vous serez tranquille pour un moment
• 2 Pipettes ou 2 seringues d’une contenance de 10ml afin de mesurer précisément la quantité de chaque solution lors du mélange
• Un petit récipient en verre (exemple pot de yaourt)
• Un pinceau (j’utilise un pinceau en mousse de 30 mm mais tout pinceau brosse de 3-4 cm de large fera l’affaire)
• Du papier épais spécial aquarelle et non traité chimiquement : le Canson Montval 200 g offre un bon rapport qualité prix pour débuter
• Une bassine ou un bac en plastique assez grand pour y faire tenir une feuille de papier à plat
• Un sous-verre en 30×40 cm (préférable pour la réalisation de photogrammes, impératifs pour les tirages photos)

Note : on peut trouver sur internet du papier déjà sensibilisé avec la solution cyanotype. Mais personnellement je trouve qu’une bonne partie du charme disparait si on ne prépare pas son papier, d’autant que l’opération est simple !

En complément, si vous souhaitez réaliser des tirages photos, il vous faudra

• Un ordinateur (Windows / Mac / Linux)
• Une imprimante jet d’encre (on trouve plus facilement des transparents compatibles avec les imprimantes jet d’encre)
• Des transparents pour rétroprojecteurs
• Un logiciel de traitement d’image. J’essaierai dans la mesure du possible d’illustrer les manipulations avec Photoshop (payant) et Gimp (gratuit).

Je conseille l’investissement dans une lampe à UV : on peut faire sans (le soleil nous envoie généreusement des UV du matin au soir), mais si vous voulez travailler de nuit et les jours pluvieux, si vous n’avez pas envie de vérifier l’indice UV avant chaque tirage, ou si simplement vous voulez vous simplifier la vie, prévoyez d’investir quelques dizaines d’euros. Attention à bien vérifier la longueur d’onde (365 nm et non 400 nm) : beaucoup de boutiques en ligne vendent sous le titre “Lampe UV” de simples lampes à lumière noire. Voir la FAQ à ce sujet.

Attention : ne regardez pas directement la lumière d’une lampe à UV, risque de brûlure de la rétine !

Maintenant que vous êtes équipés, quelques mots sur l’espace de travail

Le cyanotype est un produit photosensible, mais contrairement à l’argentique qui va nécessiter une pièce totalement obscure, le cyanotype n’est sensible qu’aux ultraviolets. La sensibilité étant également bien moindre qu’avec l’argentique, il est possible de travailler sous une lumière atténuée : fermez les volets et/ou les rideaux et évitez l’éclairage direct d’une lampe. Gardez en tête que toutes le lampes à LED émettent des UV : pas assez pour réaliser un tirage, mais suffisamment pour gâcher un tirage. Privilégiez un éclairage indirect (lumière d’une lampe réfléchie sur le mur), prévoyez un espace de travail dégagé et protégez votre plan de travail et vos vêtements (le cyanotype tâche !).

Vous êtes équipés ? Prêts à vous lancer ?

Je vous retrouve dans le prochain article pour la réalisation de votre premier photogramme !

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Gautier Cuquemelle